L’amidon de pois : le futur du (bio)plastique ?

Récipients, emballages, sacs, bouteilles… le plastique fait partie du quotidien. Mais avec quelles conséquences ? Dans la région de Tournai, PolyPea propose une réponse innovante à ce fléau du 21^e siècle : un bioplastique biosourcé et compostable, à base… d’amidon de pois !

Le fléau du 21^e siècle

26 millions de tonnes. C’est la quantité de déchets plastiques générée, chaque année, en Europe.¹ Si le plastique présente de nombreux avantages en termes d’usages, sa persistance dans l’environnement est l’un des plus grands fléaux de notre siècle. Le plastique à usage unique représente à lui seul une véritable catastrophe environnementale.

Produit en masse, le plastique génère une accumulation de déchets toujours plus grande. Avec des conséquences bien réelles : ces déchets mettront de nombreuses années à se dégrader et ne sont aujourd’hui que partiellement recyclés. L’écrasante majorité des plastiques usages est ainsi incinérée, enterrée, ou dispersée dans l’environnement.

S’il devient urgent de repenser nos usages du plastique, la start-up wallonne PolyPea s’est lancé le défi de produire un bioplastique, respectueux de l’environnement.

L’amidon de pois, un co-produit inexploité

C’est début 2020 que Gilles Crahay, ingénieur civil de formation (orientation chimie et matériaux) et fondateur de PolyPea, se donne ce pari fou : produire un bioplastique biodégradable et compostable, à base de déchets ou de coproduits de l’industrie agroalimentaire.

Son aventure démarre autour de l’entreprise familiale Cosucra, spécialisée dans la fabrication de protéine végétale. Active dans la région de Tournais, l’entreprise est leader mondial dans l’extraction de protéine de pois, un substitut de la protéine animale dans l’alimentation végétale. Chaque jour, pour chaque unité de protéine extraite, il subsiste un co-produit inexploité : l’amidon de pois.

Gilles Crahay y voit une opportunité de valoriser ce co-produit, disponible en grande quantité et considéré jusqu’alors comme une ressource à faible valeur ajoutée. PolyPea voit le jour, avec lui, le premier bioplastique à base d’amidon de pois. Sa force ? Il est à la fois biosourcé, et même, biodégradable !

Le plastique se met au vert

Avec son bioplastique biodégradable et biosourcé, PolyPea vient solutionner deux grandes problématiques du plastique : le recours aux ressources fossiles et la gestion des déchets en fin de vie. Ici, le bioplastique est fabriqué à partir d’une ressource naturelle et renouvelable, l’amidon de pois. Et de surcroit, il est entièrement biodégradable, afin de ne pas laisser de trace dans l’environnement en fin de vie.

Enfin, la culture du petit pois a l’avantage supplémentaire de réduire sensiblement l’utilisation des ressources fossiles et les gaz à effet de serre par rapport à d’autres grandes cultures (blé, colza, orge…). Par rapport à la culture de blé, la diminution en consommations d’énergie non renouvelable est de 46 %, tandis que la baisse d’émission de CO2 atteint même jusqu’à 70-80%(1).

Autre fois un co-produit inexploité, l’amidon de pois semble donc avoir tout bon !

Vers un plastique 100 % soluble

Les applications de ce bioplastique sont nombreuses : emballages, films plastiques, etc. Polypea est actuellement en cours de développement pour la confection d’un film en bioplastique à la fois biodégradable et soluble dans l’eau.

La finalité de ce film est toute trouvée : il sera idéal pour la fabrication de tablettes de lave-vaisselle ou de pastilles de lessives.

Si ce projet est en bonne voie, nul doute que d’autres suivront. L’amidon de pois n’a décidément pas encore livré tout son potentiel !

Plus d’informations sur https://polypea.wordpress.com/