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Le bois déchet en Wallonie : vers de nouvelles voies de valorisation

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12.09.2024
Bois déchet

En Wallonie, le bois déchet est généralement valorisé en incinération, afin de produire de la chaleur, ou encore de l’électricité, par cogénération. Plus qu’un déchet, ce sous-produit de l’industrie du bois mérite qu’on s’y intéresse, tandis que de nouvelles voies de valorisation voient progressivement le jour pour mieux le valoriser.

Le bois déchet : définition

Qu’entend-t-on par « bois déchet » ? C’est un concept qu’il faut avant tout bien définir. Bien que la législation wallonne qualifie encore les sous-produits industriels de bois de déchets, ceux-ci peuvent encore être valorisés de diverses manières. Il s’agit donc plutôt de « sous-produits » de l’industrie du bois.

Il est par ailleurs possible d’effectuer une demande auprès de l’administration afin de sortir un « déchet » en particulier des codes déchets, pour le définir comme sous-produit, conformément à l’arrêté du Gouvernement wallon (AGW) du 28 avril 2019 portant exécution de l'article 4bis du décret du 27 juin 1996 relatif aux déchets.

Concrètement, le bois déchet renvoie donc aux sous-produits provenant de la transformation du bois, de la fabrication de panneaux, de meubles ou de papier, et de la sciure qui en provient ; mais également du bois provenant de la séparation mécanique des déchets, des emballages en bois, des déchets de construction, etc.

Bois A, bois B ou bois C ? Les 3 catégories du bois déchet

En fonction de ses caractéristiques et de ses possibilités de valorisation, le bois déchet se classe en trois catégories « commerciales » distinctes :

  • Le bois A : naturel et non traité, le bois A correspond souvent à des chutes de production de l’industrie du bois.
  • Le bois B : il représente la majeure partie du bois déchet produit en Wallonie. Le bois B provient des Recyparcs, des chantiers de construction ou de démolition, ou d’autres entreprises de transformation du bois.
  • Le bois C : il regroupe les bois les plus contaminés, contenant par exemple des additifs cancérigènes comme la créosote contenue dans les billes de chemins de fer ou les poteaux d’éclairage public.

En raison de la faible proportion de bois A par rapport au bois B en Wallonie, ils ne sont actuellement pas triés à la source, formant un seul gisement de bois B. Le bois C, en revanche, est classé comme déchet dangereux et suit une filière spécifique.

Le parcours des sous-produits de bois B en Wallonie

Les sous-produits de bois proviennent principalement de deux sources : Les citoyens, via les Recyparcs, ou les professionnels.

Concernant les Recyparcs, il est rare qu’un centre de tri public valorise lui-même ses containers de bois B. Ce flux de déchets se dirige généralement vers un centre de tri privé, où ces bois sont regroupés et subissent parfois un prétraitement (broyage, criblage).

Leur destination finale, que ce soit en Belgique ou dans un pays limitrophe, est bien souvent une valorisation thermique et/ou électrique dans une entreprise équipée une chaudière adaptée. Ces grandes chaudières industrielles peuvent produire de la chaleur pour leurs propres processus (séchage du bois par exemple) et leurs locaux, et parfois de l’électricité (cogénération). Les fumées de combustion, polluées par les résidus de peintures, vernis, colles et autres additifs, font l’objet d’un traitement spécifique, rendant possible la combustion de chutes de panneaux dans ces chaudières adaptées, alors que cela est formellement interdit dans les poêles et inserts domestiques.

Du côté des professionnels, le parcours du bois B produit par les entreprises varie, pouvant être très court, comme assez long : il peut être valorisé sur place, en chaudière simple ou en cogénération, ou encore passer par un centre de tri privé, subir un prétraitement, et être revendu au plus offrant.

Et l’économie circulaire dans tout ça ?

Les sous-produits de bois sont généralement contaminés par divers additifs, colles et peintures. Ils peuvent également contenir des indésirables tels du métal, du verre, du plâtre ou encore, du plastique. Bien qu’il soit possible de séparer le métal et de broyer certaines impuretés à moindre coût, il est difficile de valoriser ces matériaux autrement que par incinération.

Cependant, difficile ne signifie pas impossible, et de nouvelles voies de valorisation émergent progressivement, ouvrant de nouvelles perspectives pour la ressource bois déchet.

Vers d’autres valorisations du bois déchet

En Flandre, une entreprise est ainsi parvenue à réemployer le bois déchet dans son processus de fabrication. Unilin, fabricant multinational de panneaux de particules (MDF, HDF) et d’autres produits de bois, a conçu en 2014 une ligne de tri et de nettoyage permettant d’incorporer 95 %¹ de bois B recyclé dans certains de ses produits. À elle seule, cette entreprise recycle désormais près de 900 000 tonnes de bois par an.

Dans la province du Luxembourg, Idelux a mis en place un tri du bois A de récupération à certains endroits, permettant de le réemployer pour des utilisations plus longues (avec stockage de carbone) qu’en incinération. Cette initiative pourrait être réitérée au sein des intercommunales qui en ont la possibilité.

De « déchet » à « ressource »

En Wallonie, il n’existe au final pas véritablement de déchets de bois, uniquement des voies de valorisations différentes selon leur qualité. Qu’ils soient valorisés en chaleur, en électricité, en panneaux ou en seconde main, les co-produits de bois trouveront toujours un usage dans nos régions.

Des initiatives pionnières, comme celles d’Unilin et Idelux, montrent qu’il est possible d’intégrer ces co-produits dans des processus de fabrication, contribuant ainsi à l’économie circulaire. Que ce soit au sein de l’industrie du bois ou d’autres filières, repenser le terme « déchet » en « sous-produit », ou mieux, « co-produit » est le premier pas vers une meilleure valorisation de ces ressources.


¹ Le recyclage comme première étape de la circularité, Unilin, en ligne : https://www.unilin.com/fr/unilin-stories/recycling-wood