Aller au contenu principal

Le colza érucique, une opportunité de diversification pour le colza wallon

A la une
16.09.2024
Zoé Nys, Cheffe de projet Economie biosourcée
Le colza érucique, une opportunité pour l'oléochimie en Wallonie ?

En Wallonie, le colza cultivé est une variété dite « 00 ». Mais connaissez-vous son cousin, le colza érucique ? Cette variété présente un potentiel intéressant pour diversifier la culture et apporter davantage de valeur au colza wallon. Une des pistes de valorisation potentielle : l’oléochimie. Valbiom vous en dit plus !

Le retour du colza érucique

Le colza érucique n’est pas exactement une nouveauté. Il s’apparente à l'ancienne variété de colza que l’on cultivait chez nous, jusqu’au milieu du siècle passé. Progressivement, il a été remplacé par le colza « 00 »¹ qui, contrairement au colza érucique, convient également pour l’alimentation.

Ce n’est donc pas en alimentaire que le colza érucique présente des atouts, mais bien pour les applications en industrie, et particulièrement en oléochimie. En effet, son huile est riche en acide gras érucique, qui lui confère son nom. Pour cette raison, il est encore cultivé dans certaines régions d’Europe, dont Bradebourg en Allemagne, où sont cultivés près de 80 000 hectares.

Comme le colza « 00 », le colza érucique actuel a fait l’objet d’améliorations afin de répondre aux exigences actuelles en termes de résistance et de rendement.

Entre opportunités et défis

Si le colza érucique est tellement intéressant, c’est qu’il est une des principales sources d’acide érucique. Ce dernier peut être converti en différents produits dérivés pour des applications dans des domaines aussi variés que les plastiques, la cosmétique ou la pharmacie, conférant diverses propriétés (tensioactif, lubrifiant, liant, etc.).

Il offre ainsi une alternative intéressante aux huiles minérales issues du pétrole, et ce dans de nombreux domaines.

Pour cultiver du colza érucique, il faut cependant tenir compte de plusieurs éléments :

  • Une distance minimale à respecter avec le colza « 00 » afin d’éviter les fécondations croisées ;
  • Envisager une conversion sur le long terme afin de réduire le risque d’interférences avec des repousses ;
  • Des rendements légèrement inférieurs, estimés à 2 à 5%, à celui du colza « 00 » ;
  • Un stockage spécifique afin d’éviter le mélange avec le colza « 00 » ;
  • Une négociation de prix des grains qui se fait directement avec les triturateurs² concernés.

Atteindre un nouveau marché

Développer le colza érucique sur le sol wallon offrirait-il un avantage double ?

Le colza « 00 » produit en Wallonie se destine principalement à la production de biocarburants. Son prix est ainsi fortement dépendant d’un marché unique, présentant un risque pour les agriculteurs en cas de chute de prix.

Or, le colza érucique permet également d’entrer sur un marché de niche, celui de l’acide érucique. S’il s’agit d’un marché plus restreint et où les prix peuvent présenter plus de variations, la valorisation de ce colza ne pourra être qu’égale ou supérieure à celle actuellement en vigueur. En effet, en dernier recours, le colza érucique pourra également être vendu pour la production de biocarburants au même titre que le colza « 00 » .

Le colza érucique a-t-il un bel avenir en Wallonie ? Cela reste à découvrir, puisqu’il reste désormais à passer de la théorie à la pratique. Il est cependant certain qu’il présente un potentiel intéressant, qui ne demande qu’à être exploité.

La chimie biosourcée en Wallonie, entre enjeux et opportunités

Intéressé·e par le potentiel de l’oléochimie, et de la chimie biosourcée de manière générale ? Venez découvrir en avant première les résultats de notre étude sur le potentiel de l'oléochimie en Wallonie, lors d’une matinée destinée à la chimie biosourcée le mercredi 9 octobre ! Inscrivez-vous dès à présent à l’évènement « Chimie biosourcée : enjeux, opportunités et financements pour les entreprises wallonnes ».


¹Une variété « 00 » est une variété qui convient aussi bien pour des usages alimentaires (huile de colza, tourteau gras de colza…) et non-alimentaires (biocarburants, encres végétales…).

² Un triturateur effectue la « trituration des huiles », c’est-à-dire le traitement des graines oléagineuses afin d’en extraire l’huile.