ValBiom vous propose une présentation de deux projets liés de phytomanagement appliqué : Phyto2energy et Miscomar+, dont les objectifs sont de sélectionner les espèces les plus adaptées à des conditions de culture compliquées et d'en optimiser la culture pour diminuer leurs impacts environnementaux.
Propos recueillis lors de l’interview menée auprès de Dr Elaine Jensen, coordinatrice du projet Miscomar+ de l’Université de Aberystwyth et Dr Marta Pogrzeba, Professeur à l’Institute for Ecology of Industrial Areas (IETU).
Produire des cultures énergétiques axées sur la phytoremédiation dans des zones dégradées
Phyto2Energy (2014 - 2018) est un projet mené entre la Roumanie, la Pologne et l’Allemagne. Son objectif est d’étudier 4 espèces végétales sur sites pollués (le miscanthus, Sida hermaphrodita, le panic érigé ou encore la spartine pectinée). Le but des partenaires du projet était de pouvoir sélectionner les espèces les plus adaptées dans des conditions de culture compliquées (pollution) et aussi, selon les conditions des sites et les conditions climatiques.
Ce projet est intéressant à mettre en avant car il est mené sur terrain et le retour d’expérience permet de rendre le phytomanagement plus opérationnel. D’autant plus que les opérateurs ont tenu à faire un lien vers le secteur industriel et les gestionnaires de sites marginaux. Leurs rapports de restitution des résultats sont simples et permettent que les résultats parlent à un large ensemble d’acteurs économiques, cruciaux pour le développement du phytomanagement.
Outre leurs rapports dont la lecture vous est conseillée, il est pertinent de mettre en avant d’autres paramètres, soulevés lors de l’interview avec le coordinateur du projet (IETU) :
- Les premières années sur les sites étudiés ont été des années d’acclimatation pour le miscanthus. Celui-ci absorbait au début des éléments métalliques, mais, 2 ans plus tard, les concentrations retrouvées dans la biomasse ont chutées.
- Faut-il continuer le phytomanagement ? Selon les partenaires du projet, il est important de continuer l’application de projets de phytomanagement car cela rencontre les objectifs européens. Néanmoins, lorsque la valorisation de la biomasse reste un objectif, il est pratiquement unanime de privilégier la phytostabilisation. Faire apparaitre la phytoextraction comme technique miracle n’est pas envisagé, notamment pour les éléments métalliques.
- Le phytomanagement reste une alternative pour les agriculteurs en Pologne dont les terres arables sont polluées. Contraints d’arrêter une production alimentaire, la production de biomasse non alimentaire reste une solution à envisager.
- Le phytomanagement est intimement lié au développement de la bioéconomie, comme en Wallonie. Dès lors, la Pologne dépend également du développement d’équipement (chaudière biomasse, etc.). Les partenaires du projet restent convaincus que le développement du phytomanagement prendra son envol dès que les chaînes de valeur seront installées.
- A titre d’exemple, sur une région du pays, des agriculteurs ont pu s’associer pour produire de la biomasse. Celles-ci ont pu être analysées et aucun polluant n’a été transféré vers la biomasse : elle peut donc être valorisée en bioénergie (combustion).
Optimiser la culture et diminuer son impact environnemental
Les projets Miscomar (2014-2016) et Miscomar+ (en cours depuis 2020) sont la continuité du projet Phyto2Energy. Ils sont davantage axés sur la production de miscanthus sur sites dégradés. Il s’agit de réunir une expertise interdisciplinaire tant académique qu’industrielle pour faire usage de nouveaux hybrides de miscanthus et de modes de culture afin d’optimiser la culture tout en diminuant l’impact sur l’environnement (tolérance au changement climatique, fertilisant, tolérance aux polluants et leur accumulation, valorisation en bioénergie). Ce projet réunit le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Pologne.
Pour suivre ce projet : https://www.miscomar.eu/
Les projets épinglés dans le ValBioMag sont sélectionnés par les ingénieurs ValBiom pour leurs caractéristiques novatrices et pour les solutions qu’ils apportent à des problèmes ne pouvant être résolus auparavant. Cette présentation de projets fait partie de la mission de veille technologique de ValBiom et permet de se rendre compte des réalités de terrain d’autres pays européens.