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Nature-based solutions, un concept européen à la sauce wallonne

Portrait
04.04.2019

Formuler des terres végétales de substitution à partir de substrats inertes et recréer des sols fertiles sur des terrains marginaux : c’est l’un des services que propose la société belge Naturem Solutions[1].

En quoi consiste la formulation de terres végétales ? Est-ce une solution adaptée pour la gestion des friches industrielles et le traitement des sols pollués ?

Rencontre avec Olivier Bastin, gérant de la société (membre du réseau ValBiom).

Naturem = NATURE + REMEDIATION

Lancée il y a un an, Naturem Solutions a pour mission principale de développer des solutions inspirées de la nature qui permettent de gérer au mieux les sols – notamment en matière de traitement et de dépollution – mais aussi les déchets, l’eau ou l’air.

En fonction du client et du projet, Naturem Solutions agira :

  • Soit en tant que « bureau d’études » pour gérer des projets liés aux infrastructures vertes et à l’aménagement de sites. Il peut s’agir de projets urbains développés dans le cadre de smart cities, de projets industriels ou agricoles (protection des captages par exemple).
  • Soit en tant que « fournisseur de solutions basées sur la nature » : c’est-à-dire, des solutions qui s’inspirent de phénomènes naturels et ayant des impacts positifs multiples sur les zones d’intervention.

Pour chaque projet encadré, la société intervient à tous les stades d’étude ou d’aménagement de sites (schéma directeur, avant-projet, estimation des coûts, suivi des travaux...). Et ce, dans des zones variées : urbaines, industrielles, rurales, agricoles…

« Lorsqu’on fournit une solution, on la pense globalement en faisant attention aux aspects techniques, économiques, environnementaux (biodiversité, faible consommation d’énergie, etc.), sociaux et même culturels (aménagement paysager, redynamisation d’un quartier…),» précise Olivier Bastin.

Naturem : nouvel acteur du phytomanagement en Wallonie

Si Naturem a intégré le réseau ValBiom c’est parce que leur activité de « gestion des sols » est intrinsèquement liée à la filière phytomanagement (production de biomasse) soutenue depuis quelques années par notre asbl.

Les solutions proposées en la matière sont notamment : la fourniture de consommables et plants / inoculum[2], la formulation de terres végétales et sa mise en œuvre, la fourniture de technologies environnementales et de procédés (avec suivi de chantier, plantations…), des conseils liés au plan d’aménagement, etc.

Recréer des terres végétales de substitution à partir de matériaux inertes

Pour les projets de phytoremédiation, Naturem Solutions s’est associée au bureau d’études français Microhumus[3], actif depuis plus de 10 ans dans le domaine. En tant que représentant de Microhumus en Belgique, l’entreprise propose également un service de formulation de terres végétales :

« L’idée c’est de recréer des terres végétales de substitution, c’est-à-dire des terres vivantes, à partir de matériaux minéraux inertes et organiques, » explique Olivier Bastin.

La formulation proposée sera un mélange de matières organiques et minérales permettant de recréer un sol dont on peut garantir les fonctions agronomiques et dont on peut garantir qu’il redeviendra « vivant, immédiatement fonctionnel et qu’il s’améliore dans le temps ». Ce nouveau sol pourra notamment être utilisé pour des plantations biomasse. 

« Nous proposons soit d’accompagner le producteur de terres, qui deviendra alors membre du réseau SubsTer®[4], soit de reconditionner des terres présentes sur site et de les utiliser directement dans les aménagements. Cela contribue à éviter la disparition des terres agricoles et cela participe à l’économie circulaire, » explique Olivier Bastin.

Pour illustrer le propos, Olivier Bastin nous donne l’exemple d’un projet SubsTer® de production de terres végétales pour la vente sur un site carrier. Pour le carrier, cette production de terres végétales aurait un double intérêt :

  1. Se diversifier : il valorise des matières (présentes sur son site) non-commercialisables et stériles et les transforme en un nouveau produit qu’il pourra vendre.
  2. Améliorer son bilan environnemental et économique. 

Un autre exemple de valorisation directement sur un site carrier est la reconstruction d’une prairie calcaire lors du réaménagement du site. Ceci grâce aux matériaux minéraux déjà présents.

Un concept prometteur pour la Wallonie

En Wallonie, Naturem Solutions n’encadre pas encore de projet mais l’entreprise prospecte activement notre Région. Selon Olivier Bastin, le potentiel y est important. En particulier dans certaines zones historiquement dédiées à l’industrie extractive telles que Soignies ou Tournai.[5]

A l’heure actuelle, les terres utilisées pour créer de nouveaux espaces verts sont générées par l’étalement urbain qui se fait au détriment des superficies agricoles.

Les terres agricoles sont décapées au gré des projets de terrassement puis vendues et transportées vers les centres urbains. Or, la Wallonie s’est engagée à stopper progressivement l’étalement urbain d’ici à 2050[6]. Selon ValBiom, la ville verte et résiliente de demain composera avec le végétal. De nouveaux substrats seront donc nécessaires pour accompagner cette transition urbaine.

Plus d’infos ?

[1] Cette société peut déjà compter sur un vaste réseau de partenaires et d’experts externes belges et étrangers.

[2] Inoculum : préparation biologique contenant des micro-organismes capables de symbiose avec les végétaux, aidant à leur développement et augmentant leur résistance aux agressions du milieu.

[3] Microhumus est un bureau d’études français, spécialiste des sites et sols Pollués, des carrières, de la réhabilitation de sols dégradés, des sols agricoles.

[4] Réseau européen de producteurs indépendants de terres végétales. Né en 2010, il compte aujourd’hui 16 sociétés productrices de terres végétales en France et s’étend également en Suisse.

[6] Source : La Wallonie prévoit un "stop au béton" en 2050 – L’Echo, 31.01.2018