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Recyclage, incinération, pollution : quelles fins de vie pour nos produits à base de (bio)plastique ?

Analyse
01.09.2019

Depuis des années, la gestion des déchets est au cœur des préoccupations. Les plastiques n’échappent pas à cette règle et polluent notre environnement. Pourtant, des solutions existent… Mais, comment les mettre en place ?

Eléments de réponse. 

Article rédigé avec la collaboration de Thomas Dhont, stagiaire ValBiom.

Chiffres-clés européens

Rappelons quelques chiffres sur les plastiques et leurs usages :

  • Chaque année, la production de plastique mondiale augmente. Elle a été multipliée par 20 au cours du dernier demi-siècle (15 millions de tonnes en 1964 à 311 millions en 2014). Elle était de 348 millions de tonnes en 2017 et on estime qu’elle devrait doubler d’ici 20 ans et dépasser le milliard de tonnes à l’horizon 2050.
  • Les emballages plastiques représentent 26 % du volume total de plastique produit. Étant majoritairement à usage unique, léger et compact, ils sont l’essentiel du problème en matière de gestion des déchets plastiques.

Pour contrer ce phénomène, de plus en plus de plastiques biodégradables font leur apparition dans notre quotidien et principalement dans le domaine de l’emballage.

L’intérêt des matériaux biodégradables

Le mot d’ordre actuel pour les déchets plastiques est le suivant : RECYCLAGE. Problème, cela coûte cher et, en pratique, on est loin de l’objectif fixé.

Selon la fondation Ellen MacArthur[1], sur les 78 millions de tonnes d’emballages plastiques produits par an (2013) :

  • 32 % sont dispersés de manière incontrôlée dans l’environnement (dont 8 millions de tonnes dans les océans).
  • 40 % sont stockés dans des stations d’enfouissement.
  • 14 % sont incinérés ou font l’objet d’une valorisation énergétique.

Finalement, seuls 14 % sont recyclés dont seulement 2 % en circuit fermé (usage similaire comme par exemple « bouteille pour bouteille »), 8 % en circuit ouvert (pour fabriquer des textiles par exemple) et les 4 % restants sont perdus au cours du processus de recyclage.

Ce taux de recyclage doit être amélioré et, avec lui, le taux de fuites dans l’environnement qui est catastrophique ! Or, si ce taux parvenait à descendre à un exceptionnel 1 %, cela représenterait tout de même 1 million de tonnes d’emballages plastiques. C’est là l’intérêt des plastiques biodégradables pour limiter l’impact environnemental de ces fuites.

En 2018, la production de bioplastiques s’élevait à 2,11 millions de tonnes (soit 1 % du volume total de plastique) dont 43 % étaient biodégradables et 30 % à la fois biosourcés et biodégradables.

Plus d’infos à ce propos dans l’article « Qu’entend-t-on par plastiques biodégradables ? » – ValBioMag, Août 2019

Attention, la notion de biodégradabilité en elle-même n’a de sens que si elle est liée à des conditions de dégradation (compost domestique/industriel, méthaniseur, sol…) et à une échelle de temps (en général pas plus de 12 mois). Le PLA par exemple (utilisé notamment en imprimerie 3D), ne se dégrade qu’en condition de compostage industriel, il est plutôt « biocompostable » que biodégradable. D’autres plastiques se dégraderont très bien dans un compost domestique mais mettront des années à se dégrader dans la nature, avec – in fine – le même impact que des plastiques non-biodégradables.

Les objectifs à atteindre

Pour optimiser la fin de vie de nos déchets plastiques, plusieurs mesures doivent être mises en place :

  • Eviter les emballages quand cela est possible.
  • Informer et éduquer le consommateur sur ces notions complexes de biodégradabilité et de compostabilité.
  • Améliorer les filières de tri et collecte actuelles des plastiques.
  • Organiser des filières de tri, collecte et valorisation, en particulier pour les biodéchets.
  • Promouvoir la filière du compostage domestique (notamment via les labels « OK COMPOST HOME »).
  • Baisser les coûts de production des bioplastiques.
  • Amorcer des incitations législatives fédérales ou régionales. L’Europe a déjà montré l’exemple avec sa directive « Single-Use Plastic »[2] visant à interdire 8 produits à usage unique pour lesquels des alternatives existent (cotons-tiges, vaisselle en plastique,…).

Source : Rapport d’information : Les bioplastiques biodégradables et compostables – Etat des lieux. Juillet 2019

[1] La Fondation Ellen MacArthur travaille avec les entreprises, gouvernements et le milieu universitaire à la mise en place d’un cadre de travail pour le développement d’une économie circulaire.

[2] Parliament seals ban on throwaway plastics by 2021 – European Parliament, 27.03.2019