Du 17 au 19 septembre, 32 hectares de chanvre graine ont été récoltés en région hesbignonne, chez des agriculteurs membres du RAWAC. Ce groupement d’agriculteurs a permis la venue d’une moissonneuse-batteuse spécialement venue d’Allemagne. Un exemple inspirant de mutualisation des connaissances et des outils au sein du secteur agricole.
Le RAWAC : un réseau au service des agriculteurs
Le Réseau d’Agriculteurs Wallons en Agroécologie pour la Culture de Chanvre (RAWAC) a joué un rôle central dans cette récolte. Né de la collaboration entre Valbiom, Greenotec et Natagriwal, et subventionné par la Région wallonne, le RAWAC regroupe aujourd'hui 20 agriculteurs.
Ce réseau permet de mutualiser les outils de récolte, d'échanger des connaissances techniques et de rechercher ensemble des débouchés commerciaux pour le chanvre. Les membres du RAWAC explorent ensemble les avantages environnementaux et agronomiques du chanvre, ainsi que des techniques culturales alternatives.
Un équipement adapté aux défis du chanvre
L’une des principales réussites du RAWAC en 2024 a été la mobilisation d’une moissonneuse-batteuse adaptée à la récolte de chanvre graine. La culture du chanvre, avec sa fibre résistante et la maturation non synchrone de ses graines, nécessite des ajustements particuliers. Les coûts liés au transport de la machine allemande ont été couverts par RAWAC, tandis que les frais de récolte ont été répartis entre les 5 agriculteurs bénéficiaires, proportionnellement aux surfaces cultivées.
Le chanvre graine en Belgique, une filière en émergence
Bien que le chanvre soit largement cultivé dans des pays comme la France, la filière est encore naissante en Belgique. En conséquence, les agriculteurs doivent faire face à plusieurs défis, tels que l’absence d’infrastructures adaptées (telles que des unités de défibrage, séchoirs ou décortiqueuses) ou encore les volumes minimums exigés par les grossistes (généralement 20 tonnes).
C'est en réponse à ces défis que le RAWAC a vu le jour. Le réseau permet aux agriculteurs d'accéder à des équipements spécifiques tout en facilitant la recherche de débouchés commerciaux.
Pailles et graines, un duo essentiel
Grâce aux efforts du RAWAC, les agriculteurs sécurisent des débouchés pour les graines et les pailles avant même de planter le chanvre. Cette double valorisation - des graines et des pailles - est essentielle pour garantir la rentabilité de la culture, les pailles pouvant représenter jusqu’à 50 % des revenus.
Quant aux graines, une fois le chanvre récolté, elles doivent être séchées rapidement afin de préserver leurs qualités organoleptiques. Actuellement, deux séchoirs en Wallonie et un au Luxembourg sont mobilisés pour cette étape cruciale.
Un potentiel à l’étude pour la biodiversité
Le chanvre sur pied aurait-il également un intérêt pour la biodiversité de la région ? La question est actuellement à l’étude, avec une première initiative lancée en 2024 : une parcelle de 30 ares de chanvre est restée non récoltée, afin d’étudier son potentiel pour la faune en hiver.
Inspirée de la pratique des "céréales sur pied", cette expérimentation est suivie de près par Natagriwal. Nous pouvons d’ores et déjà remarquer une activité intense d’oiseaux lors de la récolte, avec notamment la présence de linottes mélodieuses, attirées par les graines et les insectes présents dans les champs.
Et pour la suite ?
Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, le développement de la filière chanvre en Wallonie en est encore à ses débuts. De nombreux obstacles subsistent, tels que le manque d'équipements de récolte et d'infrastructures adaptées. Cependant, des initiatives comme le RAWAC contribuent à lever ces freins, en permettant aux agriculteurs de mutualiser leurs ressources et de bâtir un réseau solide. Un article sur les avancées du projet paraîtra à la fin de la saison culturale, un peu plus d’un an après le début de cette initiative ambitieuse.