La réduction des gaz à effet de serre reste l’un des défis principaux de la lutte actuelle contre le changement climatique. Le chanvre peut-il être un allié supplémentaire dans cette lutte ? C’est ce que met en lumière une étude récente, démontrant que le chanvre capture autant de carbone que les forêts, lorsqu'il est utilisé pour les matériaux de construction.
L’étude, publiée par l'Association européenne du chanvre industriel (EIHA) et réalisée par le Nova-Institute, démontre le potentiel de transfert du carbone du bois et du chanvre dans la production de matériaux de construction et d'isolation. Intitulée "Unlocking Carbon Transfer : Wood and Hemp for Sustainable Construction", elle propose d’examiner les implications environnementales de l'utilisation de ces sources de biomasse dans l'industrie de la construction.
Lutter contre le changement climatique en Europe
Ces dernières années, la lutte contre le changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont devenues des objectifs primordiaux dans les agendas politiques. Or, Le secteur de la construction, connu pour son importante empreinte carbone, contribuerait encore à hauteur de 5 à 12 % aux émissions nationales de gaz à effet de serre, selon les dernières estimations.
Pour lutter contre ce phénomène, le plan d'action de l'Union européenne pour l'économie circulaire souligne l'importance de l'efficacité des ressources, de la circularité et de l'utilisation de matériaux de construction organiques, tels que le chanvre et le bois, afin de minimiser l'impact écologique des bâtiments et de transformer le secteur de la construction en puit de carbone.
Une très bonne capacité de stockage du C02
Les travaux de recherche du Nova-Institute publiés par l’EIHA révèlent que les variétés de chanvre aujourd’hui cultivées en Europe permettent de stocker entre 7 et 9,6 tonnes d'équivalents CO2 par an, soit un résultat similaire à celui du bois. Des chiffres élevés, souligne Mark Reinders, membre du conseil d'administration de l'EIHA : "Cela représente un potentiel de stockage de carbone significatif avec l'augmentation potentielle des hectares de chanvre et ses applications dans le secteur de la construction".
En venant remplacer la laine de roche et le ciment, le chanvre a le potentiel de devenir un complément de choix pour les projets à base de bois. Il permet de surcroit de limiter les consommations d’énergie en matière de chauffage et de climatisation, réduisant encore davantage les émissions de carbone.
Vers la neutralité climatique en 2050
Si l’on se réfère au quatrième trimestre 2022, on observe une baisse de 4 % des émissions de CO2 liées à l’économie de l’Union européenne, par rapport à la même période un an auparavant. Plusieurs mesures sont actuellement mises en place pour poursuivre dans cette direction, aussi bien au niveau européen que national. L’objectif actuel est d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.
"À l'EIHA, nous continuerons à travailler pour que les institutions européennes reconnaissent le potentiel du chanvre en tant que culture de stockage du carbone", souligne Lorenza Romanese, directrice générale de l'EIHA. "Cette étude servira de base à une discussion transparente et scientifique qui, nous l'espérons, aboutira à des résultats réglementaires et à une plus grande visibilité du chanvre", ajoute-t-elle.