
Février 2025
Depuis 2022, Valbiom s'est engagé dans le développement de la filière laine en Wallonie, convaincu du potentiel de cette ressource naturelle et locale.
L'objectif ? Créer une plus-value économique locale, diversifier les revenus des agriculteurs et inscrire cette démarche dans une logique d’économie circulaire. Trois ans après le lancement de cette initiative, où en est la filière laine en ce début d’année 2025 ? Quels progrès ont été réalisés et quels défis restent à relever pour pérenniser cette démarche ?
Un cheptel morcelé mais un potentiel a exploiter
En 2023, Valbiom a mené une enquête sur le cheptel ovin en Wallonie afin d’obtenir une meilleure connaissance de la répartition des races élevées sur le territoire. Cette étude a permis de collecter des données sur les types de laine produite et leur qualité potentielle. Le graphique ci-dessous illustre, en son centre, la finalité principale de l’élevage et, en périphérie, la répartition des races présentes en Wallonie.

Ces informations, jusqu’alors inexistantes, nous ont permis d’avoir une meilleure connaissance de la qualité des laines wallonne :
Les résultats montrent que la laine majoritairement produite est blanche (72 %), relativement longue et de texture plutôt grossière. Sur la base des données disponibles concernant les caractéristiques lainières des différentes races, environ 35 % de la laine wallonne serait blanche avec une finesse estimée entre 30 et 35 µm.
Toutefois, ces données doivent être interprétées avec prudence. Elles reposent sur des références théoriques et ne sont pas encore corroborées par des analyses approfondies du cheptel belge. De plus, l’élevage ovin en Wallonie demeure particulièrement fragmenté, avec une moyenne de seulement 17 brebis par exploitation, et la production lainière ne constitue pas l’objectif principal des éleveurs.
Les collectes, un point de départ essentiel
Dans le cadre de la valorisation de la laine wallonne, et sur la base des éléments précédemment identifiés, il est indispensable d’organiser le regroupement des laines en lots homogènes. Cette structuration repose sur des cahiers des charges définis en collaboration avec les acheteurs, tout en veillant à limiter la charge de travail des éleveurs.
Ainsi, au début de l’été 2024, cinq sessions de collecte ont été mises en place afin d’optimiser la gestion et la valorisation de cette ressource. Ces collectes se sont déroulées sur plusieurs sites : chez des éleveurs, des tondeurs, des centres de recherche ainsi qu’au sein des Parcs Naturels. Afin de garantir une organisation fluide, un système d’inscription en ligne a permis aux éleveurs de sélectionner un créneau horaire. Lors de leur arrivée sur site, les balles de laine ont été déchargées, pesées et ouvertes afin d’évaluer leur qualité et de les classer selon les catégories préalablement définies. L’ensemble des informations collectées a été enregistré avant l’expédition des lots vers l’étape suivante du processus.
Une fois réceptionnées par Traitex, les laines ont été lavées puis acheminées vers les utilisateurs finaux, en adéquation avec les besoins des acheteurs identifiés. La structuration par catégorie s’est révélée essentielle pour garantir une valorisation optimale des fibres. Rappelons-le : c’est la catégorie qui fait le tri ! Pour en savoir plus, consultez notre outil : "Les bons réflexes pour une toison de qualité, un indispensable pour valoriser la laine de vos moutons !"
Quels résultats pour la première année ?
Au terme de cette première année de collecte et de structuration de la filière, quatre catégories de laine ont été définies, avec des prix variant entre 0,30 € et 1,50 € le kilogramme :
- La laine transformée par Woolconcept : destinée à des usages tels que l’isolation ou le feutre de paillage, cette catégorie permet de valoriser des laines de qualité inférieure, notamment celles contenant des débris végétaux, des laines plus anciennes ou encore des fibres grossières et colorées. La présence de Woolconcept en Wallonie constitue un levier essentiel pour la filière, offrant une seconde vie à ces laines qui, jusqu’alors, étaient souvent exclues des collectes. Cela contribue également à améliorer le tri en encourageant les éleveurs à mieux différencier leurs laines colorées.
- La laine blanche de bonne qualité : bien triée, sans débris végétaux, ni fibres courtes ou jaunies, cette laine est destinée à la fabrication de matelas et de rembourrage.
- La laine blanche de haute qualité : utilisée pour la literie (couettes, oreillers, surmatelas), cette laine doit être longue, soigneusement triée et exempte de débris végétaux ou de fibres grossières.
- La laine pour feutre industriel de haute qualité : issue exclusivement des races Île-de-France, Entre-Sambre-et-Meuse et Roux Ardennais, cette laine fait l’objet d’un tri particulièrement rigoureux (absence de feutre, de débris végétaux, de laine de gigots et de fibres colorées pour les blanches).
Au total, 42 tonnes de laine ont été collectées et réparties selon ces quatre catégories.

Une qualité variable selon les zones de collecte
L’analyse des laines collectées a révélé des disparités qualitatives selon les zones géographiques. Les régions où des collectes régulières avaient déjà été mises en place, comme Botrange et Faulx-les-Tombes, ont produit des laines de meilleure qualité. À l’inverse, dans les secteurs où aucune collecte n’avait eu lieu depuis plusieurs années, les éleveurs avaient perdu l’habitude du tri, ce qui a entraîné une proportion plus élevée de laines contenant des impuretés et des débris végétaux.
L’organisation de collectes récurrentes et l’instauration de prix incitatifs devraient progressivement améliorer la qualité du tri et la valorisation des laines. À terme, cette dynamique pourrait renforcer la compétitivité de la filière et permettre aux éleveurs de tirer un meilleur revenu de cette ressource.
Bâtir une filière adaptée au marché
Une enquête pour mieux comprendre les attentes industrielles
À la fin de l'année 2023, nous avions acquis une meilleure connaissance du cheptel wallon et du potentiel lainier qu'il représente. Cette première étape nous a permis d’évaluer la diversité des races, la qualité des toisons et les volumes de laine disponibles en Wallonie.
En 2024, nous avons franchi une étape supplémentaire en organisant nos premières collectes de laine. Ces initiatives ont marqué un tournant en structurant la filière et en permettant la valorisation des premières laines wallonnes. Cette dynamique témoigne d’une volonté de rassembler les acteurs de la chaîne de production et d’initier une démarche cohérente et durable.
Et en 2025 ? L’enjeu est désormais d’assurer une adéquation entre l’offre lainière et les besoins du marché. Pour cela, il était essentiel d’évaluer la demande industrielle et les critères de qualité attendus par les industries.
Afin d’affiner cette compréhension, nous avons lancé une enquête en partenariat avec Fedustria, l’organisation représentant les industries du textile, du bois et de l'ameublement. Cette étude visait à identifier précisément :
- Les volumes de laine potentiellement exploitables par les industries textiles.
- Les exigences techniques et qualitatives que la laine doit respecter (finesse, longueur des fibres, couleur, résistance, etc.).
- Les débouchés possibles et les segments du marché susceptibles d’intégrer la laine wallonne (tapis, feutrage, textile d’habillement, isolation, etc.).
Les résultats de cette enquête constituent une étape clé dans le déploiement d’une filière laine structurée et viable. Ils nous permettent non seulement de mieux cibler les efforts de collecte et de transformation, mais aussi, dans le futur, d’orienter les éleveurs vers des pratiques valorisant au mieux leur production. En comprenant précisément les attentes du marché, nous nous donnons les moyens d’optimiser la filière et d’assurer un développement pérenne de la laine wallonne.
Vers une filière laine wallonne pérenne
Trois ans après le lancement de cette initiative, des avancées majeures ont été réalisées, étape par étape, dans la structuration de la filière laine en Wallonie. Une meilleure connaissance du cheptel et des qualités lainières, la mise en place de collectes organisées et l’identification des débouchés industriels constituent désormais des bases solides pour la valorisation de cette ressource locale.
Toutefois, des défis restent à relever. L’amélioration continue du tri et de la qualité des toisons, la sensibilisation des éleveurs à l’intérêt économique de leur laine et l’adaptation de l’offre aux exigences du marché seront des leviers essentiels pour assurer la compétitivité et la viabilité de la filière.
En 2025, l’enjeu est clair : consolider et pérenniser cette dynamique en s’appuyant sur les enseignements des premières années. Cela passera par le renforcement des collaborations entre les acteurs de la chaîne de valeur, la structuration d’une offre répondant aux attentes industrielles et la poursuite des actions de sensibilisation et d’accompagnement.
Les collectes de laine reviennent en 2025 ! En partenariat avec Woolconcept, Valbiom organise à nouveau des collectes de laine dans 6 lieux en Wallonie. Comme l'année dernière, la laine collectée sera destinée à plusieurs usages : isolants et feutres maraîchers pour les laines de moyenne qualité (laines colorées, sales, grossières), matelas et rembourrage pour les laines blanches, ainsi que des couettes pour les laines blanches de haute qualité. Pour vous inscrire, c'est ici !