Ce nouveau site de production d’énergie renouvelable fournit de l’énergie à 3000 ménages en utilisant des matières organiques locales. Une preuve de plus que la biométhanisation est une alternative prometteuse aux énergies fossiles.
C’était l’effervescence dans la commune des Bons Villers, au sud de la ville de Charleroi ce 25 novembre. Les représentants de la Commission européenne, du Gouvernement wallon et du monde de l’Energie belge et européen étaient présents pour inaugurer l’unité Biométhane du Bois d’Arnelle (BBA) et évoquer l’avenir de la biométhanisation en Europe, dans les États membres et les Régions.
Neutre en carbone et circulaire
Le biométhane est un gaz d’origine renouvelable produit à partir de la fermentation de déchets ménagers, agricoles, de la restauration ou encore de boues de stations d'épuration. Ce biogaz épuré a les mêmes propriétés que le gaz naturel, et donc les mêmes usages : cuisine, chauffage, industrie... Neutre en carbone, il s'inscrit dans des circuits courts de type économie circulaire. Aux Bons Villers, ce sont ainsi les fermes des alentours qui fournissent les matières organiques nécessaires à la production du site.
Un potentiel encore trop peu exploité
En 2019, une étude réalisée par Valbiom a évalué le potentiel du biogaz en Belgique : 15,6 TWh, dont 53% provient de la Wallonie (grâce aux nombreuses terres agricoles). Aujourd'hui, ces gisements énergétiques attendent d’être exploités. Pourtant, la demande du marché existe, notamment de la part d’industriels qui cherchent des alternatives aux énergies fossiles et pour qui l’électrification n’est pas possible ou suffisante. Jérôme Breton, Administrateur délégué du site BBA a mis 12 ans pour concrétiser son projet. Un délai qu’il juge beaucoup trop long, à l’heure où le développement des alternatives aux énergies fossiles est prioritaire en Wallonie et en Europe. "Le cadre réglementaire est aujourd’hui trop rigide et trop complexe. La Commission européenne a fixé l’objectif d’une production de 35 milliards de m³ de biométhane à l’horizon 2030, Il faut simplifier les démarches administratives et revoir les mécanismes de soutien. Nous produisons de l’énergie non seulement durable, mais nous contribuons surtout à tendre vers l’autonomie énergétique de la Wallonie et de l’Europe, besoin capital dans le contexte géopolitique et socio-économique actuel."
« BBA » fournit du gaz à 3.000 ménages
L’unité du Biométhane du Bois d’Arnelle c’est l’aboutissement d’un projet à la fois durable, local et créateur de valeur : "Aujourd’hui, grâce à notre production, ce sont environ 3.000 foyers des communes des Bons Villers, Pont-à-Celles, Fleurus et Courcelles qui se chauffent avec du gaz renouvelable produit près de chez eux. Dans le contexte actuel, c’est une démarche qui mérite qu’on s’y intéresse", poursuit Jérôme Breton. Il faut aussi souligner le double bénéfice économique de ce projet: BBA aujourd’hui, c’est une dizaine d’emplois directs et une trentaine d’emplois indirects créés. C’est aussi une source de revenu complémentaire pour plus d’une centaine de fournisseurs locaux – principalement des agriculteurs. Ceux-ci peuvent valoriser des déchets qui n’avaient jusqu’ici pas de destinée économique ou diversifier leurs productions végétales.
Injection de biométhane
Le site du biométhane du Bois d’Arnelle est le 3ème à être raccordé au réseau de distribution en Belgique. Cependant, il est le premier et seul site actuel conçu et développé pour l’injection de biométhane. Aujourd’hui, environ 10.000 ménages se chauffent avec du gaz wallon d’origine renouvelable – souvent sans même le savoir et pensant consommer du gaz importé de l’international. Une belle histoire qui mérite d’être multipliée en Wallonie et en Europe.
Crédit photo: BBA