Photo : ©BcB Business conBIO
Le groupe anglais DRAX va mettre en œuvre le premier pilote de capture du CO2 (Bioenergy Carbon Capture and Storage – BECCS) sur une centrale de production électrique fonctionnant aux biocombustibles solides.
Drax : un premier pilote industriel pour l’Europe
Il y a peu, la centrale électrique de Drax (UK) fonctionnait encore au charbon. Désormais, les ¾ de cette centrale a été convertie à la biomasse, à partir de pellets. L’objectif est de terminer cette conversion en 2025. De quoi garantir une production d’électricité bas-carbone.
Pour aller plus loin, le groupe a décidé de se lancer dans un projet de capture du CO2 émis. Si nous disposons de peu de détails techniques sur la technologie choisie, nous savons qu’un solvant spécifique sera utilisé pour capter jusqu’à une tonne de CO2 par jour, dans la version pilote.
Notons qu’il existe une centrale biomasse aux Etats-Unis dotée d’une technologie de capture du CO2 (Illinois Industrial Carbon Capture & Storage Project) qui stocke plus d’un million de tonnes de CO2 par an. Il s’agit à notre connaissance de la seule unité de cette envergure au niveau mondial.
Les bioénergies à émission de CO2 négative
Le GIEC[1] et l’AIE[2] en attestent aux travers de leurs grands scénarios prospectifs énergétiques : en plus de contribuer au verdissement du mix énergétique mondial, les bioénergies offrent l’opportunité de développement de technologies à émissions négatives (BECCS).
La valorisation énergétique de la biomasse gérée durablement est considérée neutre sur le plan climatique, ou bas-carbone si l’on intègre l’énergie grise nécessaire à sa mobilisation. Ceci repose sur la capacité de la biomasse végétale en croissance à capter du dioxyde de carbone issu de l’atmosphère. Lorsqu’une technologie permet de capter et stocker les émissions de dioxyde de carbone issues de la de la valorisation énergétique de la biomasse (biocombustible solide, biocarburant liquide ou gazeux), il résulte une diminution nette de la concentration en CO2 atmosphérique. On parle alors de bilan carbone négatif.
Si ces technologies cristallisent beaucoup d’espoirs dans la communauté scientifique, les projets concrets sont encore balbutiants, si bien que leur crédibilité est parfois remise en cause[3]. Une réalité technique ne joue pas nécessairement en faveur de ce type de mécanisme : on estime que le système de capture des émissions CO2 induit lui-même une surconsommation d’énergie évaluée à une trentaine de pourcent[4].
Un grand déterminant du développement de ces technologies consistera sans aucun doute en l’avènement d’une taxation basée sur le carbone qui valorisera économiquement leur caractère « carbone-négatif ».