Photos © ValBiom
Fin novembre 2018, répondant à l’invitation du Parc Naturel Régional de l’Avesnois, ValBiom s’est rendu à une démonstration de broyage de bois bocager sur une exploitation agricole à Gommegnies (France). Le propriétaire, M. Harbonnier, passé maître dans l’exploitation du fruit de la haie, nous en dit plus sur les atouts des haies bocagères et de leur vocation énergétique (bois-énergie).
Un modèle d'intensification durable de l'agriculture
M. Harbonnier a un élevage bovin allaitant. Il pratique l’agriculture biologique. Pour poursuivre la diversification de ses terres, il a planté des fruitiers hautes-tiges dans les pâtures, permettant ainsi la commercialisation (circuit court) de jus, confitures diverses, fruits de bouche. Aujourd'hui, l’éleveur est passé maître dans l’art d’exploiter le fruit de la haie bocagère : le bois-énergie.
Lorsque celles-ci n’étaient pas héritées, les haies ont été systématiquement plantées sur son exploitation.
Les espèces traditionnellement plantées dans le bocage avesnois sont l’Aubépine, le noisetier, l’érable champêtre, voire le charme.
L’aubépine rencontre la préférence de l’éleveur car sa nature épineuse limite l’attrait des bovins pour l’abroutissement des haies. En plus de fournir un combustible neutre sur le plan climatique, les haies remplissent diverses fonctions. Son utilité première est le parcage du bétail, mais elle contribue également à rendre la production herbagère plus résiliente : brise vent, frein à l’érosion des prairies piétinées, ombrage.
« En 2018, année marquée par la sécheresse estivale, le rendement herbager était visiblement bien supérieur à l’ombre des haies » affirme M. Harbonnier.
Comment gérer la haie bocagère sur son exploitation ?
Les haies sont régulièrement taillées afin de les contenir en largeur, tandis qu’on les laisse prendre de l’ampleur en hauteur. Celles-ci produit alors des perches qui sont récoltées après un minimum de 6 à 8 ans de pousse. Suivant les espèces, on estime qu’une haie récoltée tous les 10 ans peut générer de 12 à 25 MAP (mètres cubes apparents des plaquettes) par 100 mètres.
Les perches sont alors coupées avec un tracteur équipé d’un lamier. L’épareuse n’est pas adaptée pour la coupe en hauteur, car elle a tendance à provoquer une repousse buissonnante alors qu’on recherche davantage la repousse de perches pour minimiser le taux d’écorce. De plus, le lamier oriente la chute de toutes les perches du même côté de la haie, ce qui facilite nettement le chantier de déchiquetage.
Les perches sont ensuite déchiquetées. Les plaquettes bocagères ne sont pas criblées, d’où l’importance de la qualité du déchiquetage : le choix du broyeur et d’une grille de broyage adaptée sont primordiaux. M. Harbonnier a fait le choix d’un broyeur à tambour, doté d’un débit annoncé de 60 MAP/heure. Cet investissement lui permet également de faire des prestations de service pour ses collègues agriculteurs et les collectivités locales.
Les plaquettes sont ensuite entreposées sous abris, pour une durée de 3 à 6 mois pour atteindre une humidité satisfaisante. Les plaquettes sont auto-consommées à hauteur de 120 – 150 MAP/ans dans la chaudière biomasse de l’exploitation. Mais la production est bien supérieure, ce qui permet une revente locale de plaquette.
L’Avesnois, terre de bocage
La valorisation du bois bocager dans l’Avesnois-Thiérarche est une affaire qui marche et il n’y a pas que le climat et la biodiversité qui en tirent profit !
En atteste le nombre de professionnels locaux qui se pressent à cette démonstration, cette filière emmène avec elle une grande diversité de professionnels. Elle offre de l’emploi aux uns tout en permettant aux autres de faire des économies d’échelle :
- installateurs de chaudières ;
- entreprises agricoles ;
- vendeurs de matériel ;
- propriétaires de gîtes ruraux.
Un réseau de plateformes au sein des exploitations, coordonné par une association (Atelier Agriculture Avesnois Thiérache - AAAT) permet la commercialisation des plaquettes bocagères. On répertorie près de 26 plateformes disséminées sur le territoire, d’une capacité de 50 à 500 MAP. L’AAAT gère la livraison, fixe les prix avec l’agriculteur, surveille la qualité, contractualise à la fois avec le client, mais aussi avec l’agriculteur.
A noter : La première chaudière biomasse a été installée en 2001 sur le territoire, tandis qu’on en comptabilisait 86 en 2015.
Presque 100 % de la valeur ajoutée de cette biomasse est capturée à l’échelle du territoire. Un modèle qui coche décidément toutes les cases de la nécessaire transition économique, énergétique et climatique qui s’impose à tous.