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Transformer ses déchets de biomasse solide en énergie : un gain économique pour les industriels

Portrait
25.03.2019

De nombreux industriels font face au coût important de l’évacuation de leurs déchets générés par leurs activités diverses : agricole, de transformation d’aliments ou de transformation de bois. Pour y remédier, certains optent pour une solution biomasse qui convertit en énergie leurs coproduits et sous-produits. Une alternative économique et écologique !

Rencontre avec Thibaut De Veyt, Business Developer chez Biosynergy[1] (membre ValBiom).

La conversion énergétique de biomasse solide non standardisée

La société belge Biosynergy, fondée en 2009, est spécialisée dans la conversion énergétique de biomasse solide non standardisée (incluant le bois traité), principalement pour des procédés industriels.

Cette entreprise de niche a pour particularité d’offrir des solutions sur mesure aux clients qui sont de gros générateurs de déchets et dont les besoins en énergie sont importants (PMEs, industries, collectivités)[2]. Ces solutions de combustion de biomasse ont pour vocation, par exemple, de réchauffer ou refroidir les bâtiments, de fournir de l’énergie pour les procédés de production ou de générer de l’électricité.

Le « sur mesure » signifie que ces solutions intègrent le choix et l’installation de la chaudière, mais aussi le choix et l’installation de ses composants : système de stockage et de transport du combustible et installation d’un système de traitement des fumées.

 « Nous ne sommes pas des revendeurs, mais des concepteurs de solutions énergétiques. Nous assurons notamment la conception, l’installation, la gestion de projet et le service après-vente des systèmes proposés. » précise Thibaut De Veyt.

Biosynergy a déjà contribué à plus de 80 réalisations reparties sur le Benelux, la France et le Royaume-Uni. Parmi ses réalisations, en voici 3.

Le projet de la menuiserie Lanssens, située à Dentergem (Flandre-Occidentale)

Les établissements Ramen Lanssens valorise depuis longtemps ses déchets de bois naturel (A) pour le chauffage de ses ateliers, bureaux et séchoirs. En 2016, l’entreprise a fait appel à Biosynergy afin de réaménager le silo de stockage et y installer un extracteur neuf. Lanssens lui a ensuite confié le remplacement de sa vieille chaudière, l’extension et l’ajustement de son circuit hydraulique, ainsi que la révision de son broyeur.

Concrètement, Biosynergy a réalisé l’étude de ces travaux : redimensionnement précis des besoins, implantation de la nouvelle chaudière, conception de la nouvelle liaison silo-chaudière, optimisation/extension des circuits hydrauliques avec pose de nouvelles pompes de circulation…

La chaudière de 696 kW, mise en service en septembre 2017, est adaptée aux combustibles secs et pauvres en minéraux tels qu’on en trouve dans les menuiseries (sciure, copeaux secs…).

Les deux entreprises ont conclu un contrat de maintenance et d’assistance pour toute l’installation

Pour en savoir plus sur ce projet, lire l’article : Une chaudière à bois Uniconfort CMT à la menuiserie de style Lanssens – Bioénergie International, n°58 – Décembre 2018

Le projet de l’entreprise ’t Voske, productrice de champignons à Uden (Pays-Bas)

L’entreprise ’t Voske est productrice de champignons à Uden aux Pays-Bas. Face à la demande croissante des citoyens de consommer des aliments durables, l’entreprise a décidé de réduire son empreinte carbone – notamment – en mettant en place, avec le chaudiériste Uniconfort et la société Biosynergy, une centrale de trigénération fonctionnant au bois.

Chaque semaine, l’usine produit 13 tonnes de champignons. La température idéale pour la culture de cet aliment est de 14 à 20 °C, selon la phase de culture. Celle-ci requière beaucoup de ventilation et d'arrosage, et beaucoup de chauffage en hiver.

Pour assurer les besoins importants en chaleur de l’usine, la centrale de trigénération est équipée de 2 chaudières à vapeur, alimentées par du granulé de bois, qui produisent chacune 1,2 MWth.

La production électrique, elle, est réalisée par deux micro-turbines générant chacune 160 kWél.

Ce projet sur mesure, mis en place par Biosynergy et Uniconfort, sert aujourd’hui de base à 6 autres projets de cogénération en cours aux Pays-Bas.

Pour en savoir plus sur ce projet, lire l’article : La centrale de trigénération bois d’Uden fait pousser des champignons neutres en CO2 – Bioénergie International, n°57 – Novembre 2018

Le projet du groupe Soprema, actif dans le domaine de l’étanchéité de toiture (Strasbourg)

En 2016, Soprema a substitué sa consommation de gaz naturel de son usine du port du Rhin par du gaz renouvelable. L’entreprise Cogebio a réalisé et mis en service cette production grâce à une unité de gazéification de bois, placée en amont de la chaudière d’origine.

Pour alimenter cette installation, mise en service en avril 2017, Soprema a choisi de recourir à du bois de recyclage produit dans la zone industrielle de l’usine. Il s’agit principalement de palettes et de tourets hors d’usage et broyés.

Cogebio a confié à Biosynergy la responsabilité de concevoir et d’équiper la partie amont du gazéifieur. Biosynergy a ainsi dimensionné un silo de 110 m² équipé d’un extracteur biomasse suspendu permettant le déchargement par camions directement dans le silo. Par rapport aux systèmes d’extraction biomasse par fond mouvant traditionnels, ce système a pour avantage un faible coût de génie civil et une consommation électrique minimale. Surtout, la position suspendue facilite les interventions de maintenance.

Pour en savoir plus sur ce projet, lire l’article : À Strasbourg, Soprema alimente sa chaudière avec du gaz de bois de recyclage – Bioénergie International, n°55 – Mai-Juin 2018

En Wallonie, quels freins à l’implantation de ces projets biomasse ?

Malgré les nombreux projets de combustion de biomasse encadrés dans les régions voisines, en Wallonie, Biosynergy constate qu’elle compte actuellement peu de projets.

D’après Thibaut De Veyt, la demande existe et est motivée – notamment – par le coût important de l’évacuation des déchets : « Quand on sait qu’on demande entre 50 et 100 € / tonne pour enlever du bois B, opter pour une solution de valorisation de ses déchets en énergie devient vite une solution rentable. »

Pour lui, le problème majeur est l’incertitude juridique en matière de gestion des déchets ressources et, plus précisément, la classification wallonne du biocombustible contenant des fractions de bois traité :

« En Flandre, c’est très clair. La biomasse solide est catégorisée par des critères objectifs et bien définis dans la réglementation (ndlr : une réglementation publique et donc disponible pour des initiateurs de projets). Le biocombustible est principalement divisé en 3 catégories. Chacune de ces catégories a des obligations de limites d’émissions de rejets atmosphériques à surveiller et des contrôles périodiques à effectuer. Les classifications sont les suivantes : (i) le bois non traité (= 100 % bois naturel, populairement nommé « bois A »), (ii) le bois traité mais non pollué (encore populairement nommé « bois B »). Celui-ci subit une analyse chimique effectuée par un laboratoire agréé qui atteste si le biocombustible n’excède pas les limites de valeurs de métaux lourds, chlore ou de composés organiques halogénés. Enfin (iii), le bois traité pollué dont l’analyse chimique a démontré que les limites de valeurs légales sont dépassées (= populairement nommé « bois C »). »

Eclairage par Pierre-Louis Bombeck, expert bois-énergie chez ValBiom.

En Wallonie, les dénominations des déchets de bois A, B ou C ne sont pas prises en compte par l’Administration. Celle-ci distingue les déchets de bois « traités » de ceux « non-traités ». La distinction entre ces deux catégories se fait sur base de valeurs limites à partir desquelles un déchet de bois sera considéré comme contenant du bois traité.

Ces valeurs limites concernent des paramètres tels que la teneur en arsenic, en chrome, en cuivre, en plomb, en organochlorés extractibles ou encore en chlore total.


[1] Biosynergy compte actuellement 4 ETP : Koen Clepkens et Jos De Veyt (gérants), Thibaut De Veyt (responsable commercial), et Frederic Gevaert (technicien spécialisé). A cela s’ajoutent les sous-traitants (soudeurs, électriciens, mécaniciens).

[2] Les projets encadrés ont une puissance minimale de 200 kW.

Pourquoi faire partie du réseau ValBiom ?

Pour Biosynergy, le réseau ValBiom permet surtout de partager leur expertise avec des interlocuteurs pertinents et locaux dont les bureaux d’étude et les autorités locales. Mais l’entreprise apprécie également : « (…) la recherche, les publications et le partage de know-how sur les cultures dédiées et les réseaux de chaleur. Nous espérons vivement pouvoir intégrer ces éléments dans nos projets futurs afin d’équilibrer demande énergétique et disponibilité de biomasse locale. Et, ainsi, maximiser la réduction en CO2 par projet,» explique Thibaut De Veyt. 

Plus d'infos ?

Biosynergy, concepteur et installateur de chaufferies et centrales à biomasse - bioenergie-promotion.fr, 23.03.2019