Image : © iNex Circular
Métha’Org, iNex, Organix, bourse aux dons… les plateformes innovantes de mise à disposition de matières et/ou déchets se multiplient, notamment en France et en Wallonie.
Quelles sont les raisons de cet engouement ? Quels avantages les acteurs peuvent-ils tirer de ce type de « place de marché » ? Quels risques cela peut-il générer ?
Quand les déchets des uns deviennent les matières premières des autres
Bois B, déchets organiques, meubles, plastiques, textiles usagés… sont autant de ressources susceptibles d’être récupérées, exploitées et échangées. Le concept n’est pas neuf mais – en France, comme chez nous – il séduit de plus en plus de particuliers, entreprises et collectivités.
Qu’ils soient issus des filières biométhanisation, bois-énergie ou du secteur biobasé, tous ressentent le besoin d’optimiser la valorisation de leurs matières et déchets.
Comment ? En mutualisant leurs efforts et en tissant des liens entre eux. A condition – bien sûr – de se situer dans une même région ou zone industrielle.
Actuellement, ce type de plateformes se multiplie pour répondre à une demande croissante des industriels, collectivités et agriculteurs qui génèrent des flux majeurs de matières (entrants et sortants).
Sur le marché actuellement :
- La Bourse aux dons : une plateforme de gestion des dons d’invendus alimentaires (Liège).
- Organix® : une place de marché digitale pour les déchets organiques (France).
- iNex Circular : une plateforme européenne de modélisation des synergies de l’économie circulaire, la dernière-née en la matière.
Et, la coopérative citoyenne Métha’Org Wallonie, récemment mise sur pied. Celle-ci a pour but de centraliser les déchets organiques des entreprises wallonnes via une plateforme de collecte, et de créer une plateforme de gestion d’achat-vente de ces « matières-déchets organiques ».
Il est aujourd’hui possible de devenir coopérateur de Métha’Org Wallonie. La part minimale est de 125 € et la part maximale s’élève à 5.000 €. A ce jour, Métha’Org Wallonie compte 32 coopérateurs.
Rapidement, la coopérative souhaite – notamment – mettre en place la plateforme d'hygiénisation de biomatières, de même qu’une unité d'hygiènisation et d'évapo-concentration des digestats en vue de fabriquer des produits organiques certifiés, en substitution des engrais chimiques.
iNex Circular : le « tinder » des déchets
Lancée par Olivier Gambari il y a quatre ans, iNex Circular s’est spécialisée dans le recyclage des déchets industriels. Elle permet aux entreprises de se connaitre et d’optimiser sa gestion des déchets et des matières première. La plateforme fonctionne à partir d’un système muni d’algorithmes qui se base sur des profils types d’entreprises, créés grâce aux données publiques en accès libre (Open data).
Elle s’adresse aussi bien aux industriels européens qu’aux acteurs du développement économique (collectivités territoriales, agences de développement économique, bureaux d’études…).
« Plus on accumule de données, meilleures seront notre valeur ajoutée et notre capacité à répondre aux besoins » explique Olivier Gambari, CEO d’iNEX Circular.
Actuellement, la plateforme recense environ 37.000 sociétés référencées en France, Espagne et Belgique[1].
Quel est l’impact de cette digitalisation sur le paysage de la valorisation organique ?
Le secteur du déchet connait son développement digital, à l’instar des différents pans de l’économie. Il est probable qu’avec l’actuelle multiplication des initiatives de plateformes de mise à disposition de matières/déchets s’en suive une rationalisation du paysage où seules les plateformes qui remportent la plus grande adhésion s’imposent et subsistent. Celles-ci évolueront aux côtés des flux contractualisés en gré-à-gré et autres activités traditionnelles de négoce.
On peut également aisément percevoir les opportunités associées à cette digitalisation. Ces initiatives contribuent en effet à faciliter l’accès au marché du traitement des déchets. On peut y voir un fort potentiel d’optimisation logistique par l’augmentation de la visibilité des gisements.
Il est par contre plus difficile d’évaluer si cette digitalisation conduira à une augmentation du marché primaire de la valorisation des déchets organiques, notamment en biométhanisation. On peut supposer qu’elle permettra d’augmenter la proportion de déchets valorisés, du fait d’un accès facilité au marché pour toutes les parties prenantes. Mais on peut se demander si elles ne contribueront pas à une concurrence accrue, voire une guerre des prix entre les acteurs de la valorisation ; concurrence qui profiterait aux grands acteurs (capables de négocier des tonnages plus conséquents). A l’extrême, on peut redouter l’avènement de monopoles.
Il semble donc prématuré de présager l’impact de cette digitalisation sur le paysage de la valorisation organique. Quoiqu’il en soit, les acteurs de la valorisation devront nécessairement la considérer.
Plus d’infos ?
- Une coopérative de production d’énergie verte voit le jour en Wallonie – Metrotime.be, 26/03/2018
- iNex Circular utilise l’open data pour servir l’écologie industrielle – lecho-circulaire.com, 01/02/2018
- Le Coeur du Hainaut lance une démarche d'économie circulaire à l'échelle du territoire – cœur du Hainaut – Centre d’énergies, 08/11/2017
- La Bourse aux dons: une idée liégeoise qui profite aux plus démunis – rtbf.be, 01/08/2017
- SUEZ lance Organix®, la première place de marché digitale en France pour les déchets organiques – rtbf.be, 26/06/2017
[1] INex Circular travaillerait avec plus de 1.000 entreprises en Belgique et avec le gouvernement wallon, depuis novembre dernier. Source : Enfin une plateforme d’échange de déchets entre industriels ! – www.techniques-ingenieur.fr, 28.06.2018