Aller au contenu principal

Quand la ferme transforme ses effluents en énergie à Nidrum

A la une
30.04.2025
Thibaut De Clerck, Chargé de projet Production agricole et Biométhanisation
Biométhanisation agricole à la ferme Herbrand à Nidrum

Dans le cadre du Tour de la Biométhanisation 2025 organisé par Valbiom, la famille Herbrand, installée à Nidrum, a accueilli les visiteurs pour présenter son projet de biométhanisation. Avec un cheptel de 400 bovins, l’exploitation a choisi de valoriser son lisier et son fumier pour produire de l’électricité et de la chaleur.

Des effluents d’élevage transformés en Kilowatts 

Que faire des effluents d’élevage dans une exploitation agricole ? À la ferme de la famille Herbrand, pas question de les considérer comme un déchet : grâce à la biométhanisation, lisier et fumier deviennent une ressource précieuse, permettant à l’exploitation de devenir autonome en électricité, réinjectant même un surplus sur le réseau !

La biométhanisation permet en effet de transformer des déchets agricoles en biogaz, grâce à un processus de digestion anaérobie (en l’absence d’oxygène). Le biogaz est ensuite valorisé sur place en électricité et en chaleur, grâce à la cogénération.

Produire simultanément chaleur et électricité grâce à la cogénération

À Nidrum, le processus de transformation repose sur un moteur à gaz relié à une génératrice, capable de produire jusqu’à 220 kW d’électricité. Ce moteur de cogénération assure à la fois la production d’énergie électrique et thermique, d’où son appellation.

L’électricité générée couvre largement les besoins de l’exploitation, tandis que le surplus réintroduit dans le réseau renforce l’offre locale en énergie renouvelable. La chaleur produite est quant à elle distribuée via un petit réseau d’énergie thermique (RET) local, permettant de chauffer 8 habitations du voisinage, ainsi qu’un cabinet de kinésithérapie

Une gestion des effluents qui a tout bon ?

Au-delà de l’enjeu énergétique, la biométhanisation constitue une réponse aux impacts environnementaux associés aux effluents d’élevage.

Stocké ou épandu sans traitement, le lisier libère naturellement des gaz à effet de serre. En le transformant en biogaz, la biométhanisation permet de capturer et valoriser ces émissions. La cogénération permet alors la transformation de ce biogaz en électricité et chaleur, couvrant les besoins en énergie de l’exploitation, ou plus encore.

Le digestat, un engrais organique résidu de la biométhanisation

Autre avantage intéressant : le résidu du processus de méthanisation, appelé digestat, conserve des propriétés agronomiques précieuses : carbone, azote, potasse, phosphore…

Il peut alors être utilisé comme fertilisant sur les prairies et les terres agricoles de l’exploitation. Cette pratique contribue à réduire l'empreinte carbone de la ferme, tout en favorisant une approche circulaire des ressources.

L’application de digestat sur les terres agricoles contribue à diminuer l’utilisation d’engrais de synthèse dans les exploitations, de l’ordre de 10 à 20 % en moyenne. Cette valeur peut changer en fonction de l’orientation de l’exploitation. Un support bienvenu dans un contexte de pression croissante sur le prix des engrais minéraux.

Un projet inspirant pour l’agriculture wallonne ?

À travers son initiative, Bioenergie E.GH illustre concrètement les opportunités, mais aussi les défis, liés au développement de la biométhanisation agricole en Wallonie.

À Nidrum, le projet traduit une volonté claire de conjuguer performance agricole et réduction de l’impact environnemental. La visite organisée lors du Tour de la Biométhanisation a permis de présenter les aspects techniques du projet et de démontrer les avantages de la biométhanisation en exploitation agricole.

Le succès rencontré auprès des visiteurs venus nombreux témoigne d’un réel intérêt pour ce type de démarche inspirante.

Pour approfondir la thématique de la biométhanisation, découvrez le Panorama de la biométhanisation 2024 !